
Le Constat
Aujourd’hui, nul ne peut l’ignorer, l’impact de la mode
sur les territoires et ses habitants est catastrophique.

Des micro-fibres de plastique qui composent les matières synthétiques se décrochent à chaque lavage. Elles polluent nos cours d’eau douce puis les océans et ravagent la biodiversité aquatique.

La production textile a été délocalisée dans des pays économiquement faibles où l’exploitation sociale fait principe tandis que l’absence de normes environnementales permet tous les abus.

On assiste à un ballet permanent de matières premières et de produits finis, transportés à grand coup de pétrole d’un point à l’autre du globe.

Normalisant les singularités culturelles et ignorant les spécificités locales, les marques bâtissent un monde superficiel et uniforme, où la sur-consommation est érigée comme seul standard.
Alors que des alternatives concrètes doivent émerger,
l’artisanat constitue un modèle parfaitement
adapté aux enjeux de demain.
Emprisonnée dans son imaginaire de rentabilité, de croissance à tout prix et de spécialisation, l’industrie peine à se remettre en question et à produire les solutions innovantes dépassant son propre cadre.
Tandis qu’en pleine ré-invention à l’âge numérique, l’artisanat prend un nouvel essor. Ses modes de fabrication, entre pièce unique et petite série reposent sur des technologies beaucoup plus modestes, qui sont moins gourmandes en énergie et s’avèrent plus fiables dans le temps. Aussi, son organisation du travail ne se résumant pas à la chaine spécialisée et cadencée, elle permet un épanouissement personnel plus certain, d’autant plus si la répartition des responsabilités et des richesses produites par l’entreprise est garantie par une société coopérative — notre ambition à moyen terme.
De nombreux projets se réclamant de valeurs
écologiques et responsables, éthiques ou solidaires
ont vu le jour ces derniers temps.
Ils cherchent à répondre à ces problématiques mais face à l’urgence écologique et sociale, leurs propositions ne semblent pas parvenir à dépasser le cadre de la pensée commerciale et industrielle. Or, il est désormais évident que l’industrie est incapable d’apporter les solutions concrètes aux problèmes qu’elle pose elle-même, notamment à cause des économies d’échelle sur lesquelles elle repose.

Les marques Made-in-France
Elles proposent une alternative dont les limites sont facilement perceptibles. Au problème du transport intempestif des marchandises, elles invoquent la relocalisation des filières de transformation. La plupart proposent du Coton Biologique et c’est un bon point de départ, mais il provient trop souvent du bout du monde et les contours des nombreux labels et certifications censés garantir son respect de l’environnement et des travailleurs sont encore trop flous. Il est en effet très difficile de connaître les conditions réelles dans lesquelles quelque chose est cultivé, produit à des milliers de kilomètres. Et ce n’est pas quelques visites annuelles qui prouveront le contraire. Aussi, nous ne voyons pas dans ces projets la remise en cause nécessaire des conditions d’activité et des formes d’organisation du travail. Si l’objectif est de relocaliser des tâches spécialisées effectuées à la chaine cadencée, sans remettre profondément en cause ces fonctionnements, la réinvention des modalités du travail exigée par la société civile sera encore repoussée à demain.

Les fibres recyclées
Les fils issues de plastiques recyclés ont le vent en poupe alors qu’elles constituent une fausse solution. Au lieu de replacer les artisans du paysage, les paysans éleveurs et agriculteurs, au cœur de la société, elles présentent les industriels comme clé de voûte de la transition écologique et posent deux problèmes majeurs. L’énergie et l’eau consommée pour collecter, trier, et produire une nouvelle fois un fil, ne réduit pas l’impact environnemental de ces fibres qui connaissent alors une double industrialisation. De plus, les procédés actuels de recyclage reposent sur l’ajout de fibres synthétiques aux fibres recyclées. Ce qui sort de l’océan ne doit pas y retourner ! Un fil composé de micro-fibres qui, au premier lavage s’échapperont à nouveau, ne constitue pas une solution durable.